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Débat à Genève
Voiture ou train? Élus et magistrats délibèrent sur l’avenir de la mobilité romande

Du côté des opposants, seule Delphine Klopfenstein-Broggini était présente.
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En bref:
  • Un débat s’est tenu à Vernier sur l’élargissement de l'autoroute A1.
  • La seule opposante à l’objet a souligné qu’il fallait faire un choix entre le rail et la route.
  • Le conseiller d’État Pierre Maudet a souligné la nécessité d’améliorer l’infrastructure routière existante.

Il y avait foule ce jeudi au forum des Atmosphères, dans le nouveau quartier de l’Étang à Vernier. Et pour cause: la Chambre de commerce et d’industrie de Genève (CCIG) y organisait un débat sur l’équilibre entre le rail et la route le long de l’arc lémanique. Autour de la table, trois élus fédéraux et Pierre Maudet, conseiller d’État chargé de la Santé et des Mobilités (DSM), se sont donné la réplique avant un discours du conseiller fédéral Albert Rösti.

Cela devait être un échange sur la mobilité le long du Léman. Mais en réalité, les intervenants se sont surtout écharpés sur l’élargissement du tronçon autoroutier entre le Vengeron et Nyon. Il faut les comprendre: le peuple suisse se prononcera le 24 novembre sur cet objet et la campagne bat son plein.

«Un choix de société»

Unique défenseuse du «non» à ce projet, la conseillère nationale Delphine Klopfenstein (Les Verts/Ge) ouvre les hostilités en soulignant l’aspect crucial de cette votation «Nous ne pouvons pas tout avoir, il faudra faire un choix entre le développement des infrastructures ferroviaires et routières, assure-t-elle. Dans cette votation, deux visions pour notre futur s’affrontent.»

Une vision à l’opposé de ses collègues Jacqueline de Quattro (PLR/VD) et Vincent Maitre (Le Centre/Ge), qui estiment tout à fait réaliste un développement commun du train et de la voiture. «Le fonds dédié au développement et à l’entretien du réseau ferré dispose de plus de 6 milliards de francs, rappelle ce dernier. La route, elle, n’a que 2 milliards, via le fonds Forta. Le choix a été fait, c’est celui de la complémentarité des moyens de transport.»

«Cette complémentarité a été voulue par la population genevoise avec la loi sur la mobilité cohérente et équilibrée, ajoute Pierre Maudet. En tant que magistrat, je veux favoriser la mobilité douce et les transports en commun au centre-ville. Mais pour cela, j’ai besoin de disposer d’une infrastructure facilitant la circulation. L’autoroute permet justement cela.»

Un autre point échauffe les esprits: le rapport publié par l’Office fédéral des routes (Ofrou), indiquant que l’élargissement de l’A1 amènerait des dizaines de milliers de véhicules supplémentaires dans l’agglomération genevoise. «C’est la qualité de vie dans les quartiers qui sera menacée, avec encore plus de nuisances sonores. Comment comptez-vous empêcher cela?», demande l’élue Verte au magistrat genevois.

Mesures d’accompagnement

Une prédiction que Pierre Maudet tient à tempérer. «Lorsque l’on parle d’un élargissement, c’est un peu exagéré. Vu que l’autoroute a été bâtie dans les années 60, il faudrait plutôt parler d’une mise à jour. Cette voie supplémentaire permettra de tester des dispositifs de covoiturage ou de faire circuler des bus à haut niveau de service», avance-t-il. Il précise que cinq P+R seront bâtis pour absorber ce trafic induit.

Avant la prise de parole d’Albert Rösti, une dernière salve est tirée par Vincent Maitre en direction des opposants des milieux agricoles. «Seuls 8 hectares de zones agricoles seront grignotés par cet élargissement. C’est moins de 0,017% des terres arables suisses.»

Vient le tour du conseiller fédéral Albert Rösti. Alors que le débat est terminé, il entreprend de démonter pièce par pièce l’argumentaire de la seule opposante présente. Il rappelle notamment que les fonds investis dans le développement de la route ne peuvent pas être reversés dans le ferroviaire. «Il s’agit de deux mécanismes bien distincts. En cas de refus le 24 novembre, il n’y aura pas plus de moyens pour le train pour autant», prévient le magistrat UDC.

Après cette conclusion, un homme dans l’assistance interroge les participants sur une tribune récemment publiée par 350 experts s’opposant à l’élargissement de l’A1. «Selon vous, ces spécialistes de la mobilité ont-ils tort?», ironise-t-il. «Ce sont des personnes assez orientées politiquement, réplique Pierre Maudet. Et parfois, il faut aussi savoir écouter ce que vivent les gens au quotidien. Ça, c’est le rôle des politiques et non pas des experts.»

Cette courte séance de questions-réponses aura permis de rééquilibrer un peu le débat. Car même si la CCIG assure être «œcuménique et agnostique» en matière de mobilité, quatre des cinq invités ayant pris la parole étaient en faveur de l’élargissement de l’A1.

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